Parmi les militaires faits prisonniers, beaucoup sont massacrés ou exécutés ; plusieurs officiers supérieurs français sont décapités à coups de sabre. La mouvance communiste vietnamienne est très vite parcourue de divisions : dans le courant de 1929, les militants présents en Métropole scissionnent entre un groupe pro-stalinien et une tendance trotskiste animée notamment par Tạ Thu Thâu. La guerre permet en outre des rentrées d'argent en Métropole, non seulement du fait de la surestimation de la piastre, mais aussi en raison des achats massifs de produits français réalisés par le personnel militaire et tous les acteurs publics et privés en Indochine. Ce que l'on appelait Indochine française était une colonie française constituée par le Tonkin, l'Annam, la Cochinchine, formant l'actuel Viêt Nam, le Laos et le Cambodge. Les quartiers ouvriers des villes sont particulièrement insalubres, et les habitants y sont facilement les proies du choléra, de la peste, de la malaria ou de la tuberculose[153]. La victoire du Front populaire lors des élections de 1936 suscite en Indochine un immense espoir, notamment avec la nomination du socialiste Marius Moutet — ancien avocat de Phan Châu Trinh et opposant à la répression après Yên Bái — au poste de ministre des colonies. Bien qu'incomplet — un projet de ligne entre Saïgon et Phnom Penh, notamment, ne voit jamais le jour — et financièrement décevant, ce développement du chemin de fer en Indochine renforce la cohésion de l'économie de la colonie. Entre-temps, les milieux politiques français sont très divisés sur l'opportunité de mener ou non une négociation directe avec Hô Chi Minh. Pierre Brocheux, « Un siècle de colonisation ». On peut citer à cet égard le cas du missionnaire François Pallu, parti pour le Tonkin en 1661. Le Conseil colonial de la Cochinchine et la Chambre des représentants du peuple de l'Annam qui, malgré leurs limites, permettaient à un éventail d'opinions de s'exprimer, sont réduits à l'état d'organes d'enregistrement[248]. Chacune des factions vietnamiennes tente de trouver des appuis politiques en Métropole : Hanoï envoie une délégation, conduite par Phạm Văn Đồng, auprès des députés de l'Assemblée constituante, tandis que les autonomistes envoient le colonel Nguyễn Văn Xuân rencontrer des responsables politiques[347]. Les États-Unis ne signent pas le texte, se bornant à en prendre acte[443]. En septembre 1951, de Lattre effectue un voyage aux États-Unis et réussit à obtenir une augmentation de l'aide américaine[401]. Sur 6 000 hommes du Corps expéditionnaire, 2 000 sont tués et 3 000 capturés, dont deux colonels. Traité d'amitié et d'association. Gracey parvient ensuite, sous la menace, à contraindre les troupes japonaises à assurer leurs tâches de maintien de l'ordre. Laniel s'y oppose, tout en affirmant qu'il serait heureux d'explorer toute possibilité de solution diplomatique. Chez les colons, qui se méfient des effets de l'instruction sur les colonisés ; chez les autochtones ensuite, qui constatent que leur instruction ne les empêche pas de demeurer confinés à un rang social inférieur tandis que les « petits Blancs » continuent de bénéficier de passe-droits. Des échanges ont lieu entre le Việt Minh et les Français, que Hô Chi Minh ne veut pas encore attaquer de front. Un premier budget pour une conquête du Tonkin est préparé dès 1881, sous le premier cabinet Ferry, mais le courant des Républicains opportunistes hésite jusqu'en 1883. Les branches motrices de l'économie indochinoise se trouvent surendettées, et les faillites se multiplient : 1 348 faillites et liquidations d'entreprises sont prononcées entre 1928 et 1937 ; entre 1927 et 1931, l'indice des valeurs indochinoises tombe de 300 à 34, tandis que le budget général s'effondre de 108 millions de piastres en 1931 à 60,9 millions en 1934. Dès novembre 1915, des délégations de paysans venus de l'est de Phnom Penh, passant par-dessus l'autorité des administrateurs français, apportent des pétitions au roi Sisowath pour lui demander de baisser les taxes. Outre la masse de fidèles, la communauté catholique se distingue par l'importance croissante du clergé indigène, majoritaire par rapport au clergé d'origine européenne (1 062 prêtres et 3 129 religieuses en 1931). Comme les monarchistes, les communistes profitent, en 1940, de l'invasion japonaise pour fomenter une insurrection. En 1907, Beau crée l'université de Hanoï ; celle-ci n'accueille cependant que peu d'étudiants et est fermée au bout d'un an, en raison des nouveaux soulèvements nationalistes. Ce personnel contribue à enrayer les pandémies et à la lutte contre le paludisme[152]. Fin janvier 1954, les chefs de la diplomatie soviétique, américain, français et britannique se réunissent à Berlin. Pendant toute l'histoire de l'Indochine française, les disparités de traitement entre Européens et colonisés demeurent considérables, en dépit de l'amélioration du système éducatif au début du XXe siècle : il est en effet coutume de dire que le concierge corse de l'université de Hanoï est mieux payé qu'un Vietnamien agrégé[115]. Le programme de cette nouvelle formation, qui se fixe pour objectif de combattre les « fascistes japonais » et leurs « complices français » (l'administration vichyste) affiche un programme de réformes visant à la justice sociale, sans être pour autant révolutionnaire[263]. Environ 300 insurgés tiennent la ville pendant cinq jours, jusqu'à l'intervention des troupes. Ces derniers suscitent alors la création d'États indépendants, destinés à faire partie de la sphère de coprospérité de la Grande Asie orientale. Le Cambodge organise en septembre ses premières élections qui sont, au déplaisir du souverain, remportées par le Parti démocrate, une formation d'orientation nationaliste dirigée par le prince Sisowath Youtevong ; ce dernier devient premier ministre en décembre. Début 1939, le général Tsuchihashi est envoyé à Hanoï pour demander au Gouvernement général la limitation, voire l'arrêt, des ravitaillements en direction de la Chine ; il essuie cependant un refus[225]. Elle a fait l'objet, dès avant 1930, d'une très abondante production littéraire : outre les ouvrages relevant de l'exotisme ou de l'apologie de la colonisation, des écrivains comme Jean Marquet — longtemps fonctionnaire en Indochine — se sont signalés en faisant preuve d'une réelle empathie envers les cultures et les populations locales, et d'une prise de conscience des injustices du système colonial[479]. While it is not sponsored by Lucasfilm Ltd, it is Lucasfilm's preferred Imperial costuming group. En parallèle, dès septembre 1940, la Thaïlande (ex-Siam) profite des difficultés françaises pour faire valoir ses revendications sur les territoires laotiens de la rive droite du Mékong et, plus largement, pour récupérer ceux qu'elle a dû céder quelques décennies plus tôt. Sa principale réalisation est le Transindochinois, ouvert par tronçons successifs entre 1905 et 1936[143]. Après 1911, les réformes d'Albert Sarraut s'étendent à l'administration : le gouverneur général, non content d'élargir leur représentation élue, donne également aux élites indigènes davantage de possibilités d'accéder au fonctionnariat colonial. Deux autres entités lui furent rattachées par la suite : en 1899, le protectorat laotien, instauré six ans auparavant, et, en 1900, Kouang-Tchéou-Wan, que la France avait commencé d'occuper deux ans plus tôt. Ce dernier doit finalement faire retraite vers la Chine, parcourant environ 1 000 kilomètres jusqu'au Yunnan à la tête d'une colonne de plusieurs milliers d'hommes[272],[273]. L'arrestation de Phan Bội Châu en 1925, celle de Nguyễn An Ninh en mars 1926, puis les obsèques de Phan Châu Trinh le mois suivant, provoquent des heurts entre les jeunes intellectuels et les autorités coloniales. La tendance poussant à une annexion pure et simple des pays de l'Indochine française — ce qui impliquerait l'abolition des monarchies locales — est prédominante jusqu'en 1889, mais finit ensuite par perdre du terrain. Le contexte oblige cependant Decoux à s'appuyer plus que jamais sur le fonctionnariat indigène : davantage d'agents sont recrutés et les Indochinois reçoivent de plus grandes responsabilités. Officiellement nommée Union indochinoise puis Fédération indochinoise, elle fut fondée en 1887 et regroupait, jusqu'à sa disparition en 1954, diverses entités possédées ou dominées par la France en Extrême-Orient: trois pays d'Asie du Sud-Est aujourd'hui indépendants, le Vietnam, le Laos et le Cambodge, … Dans le même temps, en effet, le Đại Nam continue de chercher un appui du côté chinois : Liu Yongfu est élevé à la dignité mandarinale et le gouvernement de Pékin vient en aide à son vassal en difficulté en autorisant la présence de troupes régulières en territoire annamite[19],[21]. Elle avait également ouvert des succursales dans de nombreux autres pays tels que le Japon, Djibouti ou encore la Chine. L'ensemble de l'Indochine compte environ 12 millions d'habitants à la fin du XIXe siècle, puis 16,4 millions en 1913. Dans les protectorats, la situation est différente : au Tonkin, la France installe des résidents et résidents adjoints qui supervisent les fonctionnaires indigènes, ces derniers étant révocables sur simple demande[70]. Un certain nombre vit dans la marginalité. Ce lieu étranger et allégorique, ruban jaune de mes souvenirs a réussi à prendre tant de place en moi sans jamais y avoir vécu. En échange d'une autonomie renforcée, les monarques khmer et lao acceptent de demeurer dans l'Union française et la Fédération indochinoise[354]. Cet établissement naît en 1875 de l'initiative de deux grandes banques privées, le Crédit industriel et commercial et le Comptoir d'escompte de Paris, qui cherchent dès le début de la conquête à développer des agences le long des filières commerciales de l'Extrême-Orient. En 1937, l'Association bouddhiste du Tonkin revendique deux mille bonzes et bonzesses, auxquels s'ajoutent dix mille adhérents ; celle de l'Annam en revendique trois mille. Nguyễn Phan Long et Phoui Sananikone, nommés respectivement premiers ministres du Vietnam et du Laos début 1950, cherchent tout d'abord à prendre leurs distances avec la France et à se rapprocher des États-Unis, mais ils doivent rapidement comprendre que le temps de changer de protecteur n'est pas encore venu[386]. Coordonnées : 16° nord, 102° est L'Indochine présente au nord un relief montagneux (en partie lié à l'Himalaya) qui se différencie en direction du sud en plusieurs chaines de montagnes : Montagnes du pays Chan (Birmanie). Le mouvement communiste, au contraire, reconstitue ses forces en Indochine. L'affaire de Yên Bái marque beaucoup l'opinion dans la colonie, prise au dépourvu par cette insurrection alors que l'Indochine semblait stabilisée[203],[202],[204]. Cependant, la hiérarchie militaire demeurant sceptique, ils sont pour la plupart regroupés en « unités d'étape » chargées d'assurer les travaux et les transports à l'arrière du front. Dans le même temps, la guérilla vietnamienne, une fois Hanoï reconquise, apparaît très amoindrie au point que le ministère de la guerre peut annoncer en mai 1947 qu'il n'y a « plus de problème militaire en Indochine »[367]. : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article. Des dizaines de milliers de tonnes s'amoncellent entre-temps dans les entrepôts français et japonais : l'arrêt des livraisons de riz va contribuer à provoquer l'épouvantable famine de 1945[259]. Le partage de la péninsule indochinoise entre puissances occidentales est alors terminé[37], tandis que le rôle d'État-tampon entre le reste des possessions françaises en Indochine d'une part, et le Siam d'autre part, revient finalement au Laos[40]. À partir de février 1943, afin de prévenir une offensive de Tchang Kaï-chek, les Japonais occupent Kouang-Tchéou-Wan qui était jusque-là épargné, sans que le Gouvernement général s'y oppose[243],[244]. La situation finit par se débloquer en mars 1949, après un accord conclu au début du mois entre le président Auriol et Bảo Đại sur l'autonomie du Vietnam. Environ 3 000 Français, en majorité des militaires, périssent dans les « camps de la mort » japonais entre mars 1945 et la fin de la guerre[275],[276]. C'est après la fin des hostilités en Italie, et surtout après la signature de la convention de Pékin qui marque en octobre 1860 la fin du conflit avec la Chine, que la France peut s'impliquer davantage en Annam. Les intellectuels autochtones cherchent des formes d'expression et d'affirmation de leur culture. Les Français imaginent à l'époque pouvoir en faire un équivalent de Hong Kong[44],[45] et nourrissent le projet, finalement abandonné, de mettre également la main sur Hainan pour dominer toute la région du golfe du Tonkin[46]. Les délégués Việt Minh sont d'autant plus mécontents que les Français ont, fin juin, réoccupé les plateaux moï au Sud-Annam[353],[354],[355]. Au sein de l'appareil colonial, ils fournissent une grande partie de l'effectif des « cols blancs » indigènes[102]. Entre 1925 et 1929, le Thanh Nien accueille en Chine environ 300 Annamites, qui suivent une formation politique et repartent ensuite en Indochine pour y animer des cellules clandestines[199]. Alors que les responsables politiques envisagent de plus en plus de rouvrir les pourparlers avec les communistes, Navarre a pour priorité de contrer ces derniers sur le plan militaire. Catroux tente d'obtenir le soutien diplomatique des États-Unis et du Royaume-Uni, mais les Américains veulent éviter des tensions supplémentaires avec le Japon et les Britanniques, occupés par le conflit avec l'Allemagne, préfèrent céder de leur côté aux demandes japonaises. En janvier, le roi Norodom Sihanouk proclame le pays en danger, dissout l'Assemblée nationale, décrète la loi martiale et emprisonne plusieurs opposants. Le mouvement Lao Issara, qui animait un gouvernement en exil en Thaïlande, s'auto-dissout. L'idée d'une d'occupation totale est écartée au profit d'un projet d'intervention plus prudente, préparée par le cabinet Ferry avec le gouverneur de la Cochinchine, Le Myre de Vilers. Comme au Laos, l'administration coloniale utilise le biais de la religion pour affaiblir l'influence culturelle et politique du Siam ; c'est notamment pour détourner le clergé cambodgien des stages qu'il effectuait jusque-là au Siam que le gouverneur Pierre Pasquier crée, en 1930, l'Institut bouddhique de Phnom Penh[172]. Paul Bert, pour établir des liens directs entre les résidents et les communautés villageoises, institue en avril 1886, en même temps que le Conseil des notables tonkinois, des Commissions consultatives provinciales destinées à concurrencer la hiérarchie mandarinale que les Français sont pour l'instant contraints de maintenir[49]. Le Việt Minh tente le lendemain de reprendre l'initiative en décrétant une grève générale : Saïgon est paralysée et les attaques anti-françaises reprennent de plus belle contre les Blancs, les Eurasiens ou les Antillais. La déposition par les Français de l'empereur Thành Thái, en 1907, donne aux nationalistes l'occasion d'agir. Dans les premiers temps de la colonisation, les écoles françaises attirent notamment des indigènes de condition modeste auxquels l'apprentissage du français offre une possibilité d'intégrer l'administration, donc de promotion sociale[156]. En raison des distances géographiques, mais aussi de la répression mise en place par l'administration vichyste, la France libre ne parvient pas à prendre pied en Indochine : les gaullistes sont traqués par la Sûreté générale et le lieutenant Pierre Boulle, que le général de Gaulle avait envoyé pour créer un réseau de résistance en Asie du Sud-Est, est capturé. Dès 1939, une invasion japonaise de l'Indochine, pour couper le ravitaillement à Tchang-Kaï Chek, n'est pas à exclure. La police indochinoise se distingue également par des méthodes très brutales, et pratique couramment la torture dans ses locaux. En 1900, une loi organise officiellement les unités de l'armée coloniale[83]. Des assemblées consultatives similaires sont plus tard créées au Cambodge (1913), en Annam (1920), à Kouang-Tchéou-Wan (1922) et au Laos (1923). En mai 1952, les Français estiment avoir suffisamment nettoyé la région du delta du fleuve Rouge ; ils doivent cependant compter, pour obtenir un effet durable, sur la capacité du régime de Bảo Đại à entreprendre des réformes et prendre en charge l'administration. Elle se composait de la colonie de Cochinchine (Sud du Vietnam), des protectorats de l'Annam et du Tonkin (Centre et Nord du Vietnam), du protectorat du Cambodge, du protectorat du Laos et du territoire à bail chinois de Kouang-Tchéou-Wan. En Cochinchine et au Tonkin, certaines troupes parviennent à résister pendant plusieurs semaines[272],[273]. Les agents de la DGER basés en Chine se coordonnent avec les réseaux indochinois, mais n'ont pas les moyens suffisants pour agir[270]. Dans les villes, les travailleurs perçoivent des salaires généralement très modestes, et doivent fréquemment se contenter d'habitats rudimentaires ou précaires, dans des paillotes voire sur leur lieu de travail. Le chef militaire sudiste, tombé en disgrâce auprès de Hô Chi Minh, est d'ailleurs tué en septembre 1951[396]. Le successeur de Paul Beau, Antony Klobukowski[c], partage ses idées quant à la nécessité de réformes démocratiques, mais fait le choix de la prudence. Après la conférence de Đà Lạt convoquée par d'Argenlieu, le Laos se constitue en véritable État. Eliane adopts Camille, whose Vietnamese parents were friends. Paul Beau, successeur de Doumer, conscient de l'insuffisance des efforts fournis jusque-là en matière sanitaire, fait construire un hôpital indigène à Hanoï et développe la formation des praticiens[126]. Au lendemain d'Hiroshima, et alors que sa capitulation est imminente, le Japon accepte de restituer au Vietnam la Cochinchine ; Bảo Đại proclame l'annexion de la colonie le 14, la veille de l'annonce officielle de la reddition du Japon par Hirohito[301],[302]. De nombreux hôpitaux, dispensaires et infirmeries sont créés[147], et des campagnes de vaccination massives, qui permettent de réduire radicalement les effets des épidémies. La plupart des ministres sont remplacés par des mandarins plus jeunes. Hem Chieu, malade, meurt l'année suivante au bagne de Poulo Condor. Les Français n'ont d'autre choix que de préserver et de composer avec les organisations locales et régionales déjà existantes. Le soir du 9 mars 1945, l'amiral Decoux reçoit l'ambassadeur japonais, qui lui présente alors un ultimatum exigeant que les forces françaises soient placées sous commandement nippon. L'organisation étend néanmoins son influence, en s'implantant dans diverses régions — que les Japonais, trop peu nombreux sur place, ne peuvent toutes contrôler — et en proclamant des « zones libérées ». Passé l'émotion liée à la guerre d'Indochine et notamment à la bataille de Diên Biên Phu, la colonisation indochinoise a surtout été abordée par le biais de la « curiosité », ou au contraire de l'exaltation de la « libération nationale ». Au total, 48 981 d'entre eux travaillent dans les entreprises de Métropole pendant la guerre ; certains demeurent ensuite sur place, où ils sont les précurseurs de la diaspora vietnamienne[193]. Le Gouvernement général, désireux de récupérer à son profit cette volonté de savoir chez les indigènes, favorise ces initiatives culturelles, comme l'édition de livres ou de revues. Dans l'ensemble, la vie démocratique est très limitée en Indochine française. D'autres frappes sont effectuées courant 1944, endommageant gravement les voies de communication — la ligne Hanoï-Saïgon est ainsi coupée en cinq endroits — et tuant environ 40 Européens et 1 800 Vietnamiens[257]. Par un traité en date du 3 octobre 1893, le Siam accepte d'évacuer la rive gauche du Mékong et reconnaît le protectorat français sur la région[37]. Le Lycée Chasseloup-Laubat de Saïgon est créé dans les années 1870, de même que plusieurs écoles primaires. Cela permet de maintenir une gestion au moindre coût, les effectifs locaux de l'administration coloniale étant très faibles : en 1914, on ne compte dans le Haut-Laos que 224 fonctionnaires, dont 24 Français seulement. Les premiers essais d'acclimatation d'hévéa ont lieu en Cochinchine en 1897. Le 11 août 1863, le gouverneur de la Cochinchine, l'amiral de La Grandière, prend l'initiative de signer avec Norodom un traité qui transforme la « cosuzeraineté » sur le Cambodge, que la France vient d'obtenir via son traité avec l'Annam, en un protectorat pur et simple. C'est cependant dans les provinces de Battambang et Siem Reap, que le Siam a dû céder, que des insurrections plus sérieuses se déclenchent, en grande partie à l'instigation du gouverneur siamois de Battambang : les Français doivent y affronter des bandes comptant plusieurs centaines d'insurgés, et ne parviennent à pacifier la région qu'en 1912. Les Français achèvent ensuite de neutraliser les monarchies dans les premières années du XXe siècle[66]. Cet événement, alors totalement inédit au Cambodge, est par la suite surnommé la « révolte des ombrelles » (en raison des ombrelles dont étaient équipés une partie des manifestants religieux)[256] et considéré comme une sorte d'acte de naissance du nationalisme khmer. Après la formation de l'Indochine française en 1887, la Cochinchine conserve un statut à part : elle demeure une colonie, tandis que les autres pays de l'Union indochinoise sont des protectorats. Au milieu de 1919, une zone montagneuse d'environ 40 000 kilomètres se trouve en état quasi insurrectionnel. Sur le plan culturel, l'influence de la France a par contre rapidement décliné jusqu'à disparaître presque complètement, l'Indochine n'ayant jamais accueilli une population française importante, au contraire par exemple de l'Algérie[477]. Le Tonkin compte des entreprises forestières, de nombreuses filatures et verreries et usines de ciment, ainsi que des mines d'étain, de plomb, de zinc et de tungstène. Après l'insurrection de 1885-1886, les Français continuent de renforcer progressivement leur contrôle sur le pays, en entourant le roi de conseillers khmers acquis à leur cause, et en repoussant sine die l'application de la plupart des clauses de la convention. Les Français mettent alors sur le trône Đồng Khánh, un frère du souverain en fuite, sans pour autant calmer la révolte d'une partie des mandarins : les conquérants doivent désormais affronter à la fois l'« insurrection des lettrés » et la piraterie, qui persiste dans la région en se drapant parfois d'atours patriotiques[31]. Par ailleurs, la situation économique du Vietnam demeure très grave : à la recherche de ressources, le gouvernement Việt Minh vend son riz en Chine, au risque de remettre en danger la population qui sort tout juste de la famine. Un accord est finalement trouvé in extremis, et la convention signée le 22 septembre. L'administration française y reste assurée pour l'essentiel par de jeunes officiers de marine, qui travaillent dans des conditions souvent précaires et périlleuses. Le chinois est en outre toujours enseigné dans certains établissements rattachés au système éducatif colonial. Les Français réagissent alors en envoyant sur place un représentant, l'explorateur et diplomate Auguste Pavie. À partir de 1899, il s'appuie sur un Corps des Services civils[52]. Par son ordonnance du 1er novembre, d'Argenlieu fixe les modalités provisoires du pouvoir en Indochine, en attendant que des institutions dans l'esprit de la déclaration du 24 mars puissent être mises en place. La Cochinchine demeure particulièrement instable, alors que la propagande du Việt Minh pour la réunification y bat son plein et que les colons et les autonomistes tentent de faire valoir leurs intérêts. Pendant la guerre de 1914-1918, une partie des militaires français présents en Indochine est rapatriée en Europe ; seuls 2 600 d'entre eux demeurent sur place. Ce dernier, qui a succédé en 1925, à l'âge de douze ans, à son père Khải Định mort prématurément, a ensuite suivi plusieurs années de scolarité en France. L'Indochine bénéficie en outre du développement de deux grands ports, celui de Haïphong et surtout celui de Saïgon, qui contribuent de manière considérable au dynamisme de son économie. Les postes du corps expéditionnaire et les maisons des colons sont pris d'assaut ; des dizaines de civils, blancs ou eurasiens, sont tués ou pris en otage et Sainteny est lui-même blessé. Les tensions sont également très fortes au Tonkin, où l'administration Việt Minh refuse de laisser les Français appliquer les contrôles douaniers, notamment dans le port de Haïphong où les trafics se multiplient. Decoux est arrêté, et Mordant capturé au bout de quelques heures. Les négociations butent cependant sur les exigences de l'État du Vietnam, qui demande davantage d'autonomie, tandis que le Cambodge et le Laos, inquiets à l'idée de se retrouver face à un Vietnam fort, comptent toujours sur la protection de la France[388]. En 1937, la première piscine municipale réservée aux Indochinois ouvre à Saïgon. Attention, il y a un changement dans l'échelle des précipitations au dessus de 100 mm. Hô Chi Minh craint que les Français n'attaquent Hanoï, et le Việt Minh commence dès lors à préparer un coup de force. Le plus important parmi ces nouveaux cultes est le caodaïsme, qui naît en 1926 en tant que cercle ésotérique au sein d'une association spiritiste animée par des notables cochinchinois, puis devient une religion syncrétique mélangeant croyances occidentales et asiatiques dans une synthèse parfois à la limite du « bric-à-brac »[d]. En 1952, à l'extrême fin de la période coloniale, les fonctions du haut-commissaire sont transférées au ministre des États associés. En Thaïlande le maximum des pluies est en septembre. Ces hommes furent envoyés au Tonkin en 1881 et contribuèrent à former les premiers régiments de tirailleurs tonkinois qui furent utilisé lors de l'expédition du Tonkin et dans les campagnes de « pacification ». En 1931, on recense 1 300 000 Vietnamiens catholiques, sur 15 millions d'habitants. Un médecin indochinois m’a raconté qu’il lui était arrivé de trouver un matin sept cadavres au bagne des politiques[84]. Les agriculteurs modestes, victimes du climat ou de l'usure[104], basculent facilement dans la misère, ce qui entraîne des phénomènes d'émigration — organisée ou non — vers les mines, les villes, ou bien les plantations d'Indochine ou de Nouvelle-Calédonie. Le développement de l'économie latifundiaire favorise néanmoins la construction des canaux, d'abord permis par le recours à la corvée[121]. Les Européens occupent le sommet de l'échelle sociale[105], tandis que les indigènes sont maintenus dans des positions subalternes, aussi bien dans l'administration que dans les structures économiques[91].